La pandémie du Coronavirus à Malte

La première réaction des autorités sanitaires maltaises en janvier 2020 consistait à préconiser une légère prudence - on pensait qu'en l'absence de communication et de voyage directs entre Wuhan et Malte, la probabilité que le virus nous atteigne était faible. Mais c'était avant la célébration du Nouvel An chinois qui, selon de nombreux experts, a déclenché la première vague du virus en Europe, lorsque de nombreux Chinois d'origine sont retournés dans leur famille en Chine pour faire la fête et sont ensuite revenus dans leur pays d'adoption en Europe.

Le 7 mars, Malte a signalé ses trois premiers cas de coronavirus : une famille italienne composée d'une fille de 12 ans et de ses parents, arrivés à Malte le 3 mars en provenance de Rome après des vacances dans le Trentin. La jeune fille a été le premier cas, les parents ayant été testés positifs au Coronavirus plus tard dans la journée. Ils s’étaient placés d’eux-mêmes en quarantaine depuis leur arrivée d'Italie et ont été placés en isolement.

Ensuite, nous avons commencé à avoir des cas tous les jours, mais toujours en nombre relativement faible. Des réglementations concernant le port de masques, les déplacements sociaux et les gestes barrières ont été introduites, suivies par la fermeture des magasins non essentiels, puis des écoles et de l'université. Les restaurants et les bars restent ouverts et les hôtels ne sont pas officiellement fermés, bien que les touristes soient peu nombreux. La situation est restée stable tout au long des mois d'été et, bien que les gens aient ressenti le changement de mode de vie, les véritables difficultés n'ont été ressenties que par les personnes travaillant dans le secteur du tourisme et dans les activités associées, comme les hôtels, les restaurants, les tour-opérateurs, les guides, etc. D'autres secteurs, notamment celui de la construction, n'ont pas connu de ralentissement. Le gouvernement a mis en place un certain nombre d'aides financières pour les personnes qui ont perdu leur emploi ou qui ont dû travailler à temps réduit, ainsi que pour les opérateurs touristiques et les propriétaires de magasins qui ont dû fermer leurs locaux. Des aides ont également été accordées aux parents qui ont dû rester à la maison pour s'occuper de leurs enfants en raison de la fermeture des jardins d'enfants. Ces mesures incitatives ont grandement contribué à atténuer les difficultés de nombreuses personnes, mais il y a malheureusement un autre segment qui n'a pas été pris en compte dans le filet de sécurité : les immigrants illégaux et les travailleurs de pays tiers. En effet, ceux-ci n'étaient pas toujours correctement enregistrés dans le système du travail et beaucoup travaillaient clandestinement sans permis approprié. On estime qu'environ 20 000 de ces immigrants ont quitté Malte, beaucoup retournant dans leur pays d'origine.

Le tournant dans la situation du Covid-19 à Malte est considéré comme un événement relativement mineur qui s'est avéré avoir des résultats désastreux. Au cours d'un été relativement calme, pendant lequel Malte était présentée comme un endroit sûr à visiter, une fête internationale dans une piscine d'un hôtel a été organisée sauvagement par des jeunes. La majorité des participants se sont rendus à Malte expressément pour participer à cet événement. Quelques semaines plus tard, le nombre d'infections a commencé à augmenter de manière alarmante et les décès liés au Covid ont également pris une mauvaise tournure. Les autorités ont d'abord hésité à réintroduire des mesures restrictives, mais il était évident qu'elles devraient intervenir à un moment donné.

Sur le plan personnel, ma famille était très préoccupée car notre fille devait se marier en août 2020 et plusieurs rumeurs circulaient selon lesquelles de tels événements et célébrations allaient être restreints. C'était une période de grande inquiétude, car beaucoup de choses avaient été réservées et payées. Finalement, nous avons réussi à organiser le mariage avec un nombre restreint d'invités et une réception très mémorable - une chance ! Une semaine après le mariage, de nouvelles réglementations ont été introduites, entraînant le report indéfini de nombreux autres mariages.

La situation a semblé échapper à tout contrôle en octobre, novembre et décembre, les chiffres ne cessant d'augmenter et les décès étant quotidiens. Les écoles, les bars, les restaurants, les musées et tous les magasins, sauf ceux de première nécessité, ont été fermés. Même les services religieux étaient limités. Les réunions à huis clos étaient limitées à deux foyers seulement. Mais heureusement, il n'y a pas eu de véritable confinement et les gens étaient encore libres de vaquer à leurs occupations (dans les limites des restrictions), de faire du sport en plein air et de nager. Les personnes qui ont le plus souffert sont les personnes vulnérables et les personnes âgées vivant dans des maisons de retraite. Les visites de leurs proches ont été annulées et elles sont restées isolées pendant des mois. Dieu merci, la technologie a permis de combler le fossé. La mort des pensionnaires de ces maisons est cependant triste, car leurs proches n’ont pu être à leurs côtés pendant leurs dernières heures et les funérailles ont été organisées à la hâte.

A Malte, nous avons commencé la vaccination des personnes en janvier 2021. C'est un exercice très bien organisé et jusqu'à présent, nous nous approchons rapidement de l'objectif de 50 % de la population vaccinée au moins avec une dose. Nous espérons atteindre l'immunité collective (plus de 70 % de la population) d'ici à la fin du mois de juin. Les restrictions sont assouplies et les écoles et les églises ont rouvert leurs portes. Dans les prochains jours, les magasins de toute nature et les restaurants ouvriront également, mais les bars resteront fermés pendant encore un certain temps. Nous n'avons pas vraiment eu d'opposition aux vaccins et seule une dissidence individuelle a été perceptible.

Malte ne peut pas se permettre un autre été sans tourisme et de grandes campagnes sont déjà en cours de déploiement. La proposition la plus étonnante a été d'offrir aux touristes le paiement partiel de leur facture d'hôtel. Des subventions aux compagnies aériennes pour qu'elles redémarrent leurs liaisons pré-Covid sont également en préparation.

 Le coût du financement de l'aide pendant le Covid et des subventions aux industries du tourism ont été énormes et n'auraient probablement pas été possibles sans l'aide de l'Union européenne. Pour cela, nous sommes reconnaissants à tous nos frères et sœurs européens pour leur soutien continu et il y a un accord unanime sur ce point parmi la population maltaise.

Étant une petite île d'à peine 300 kilomètres carrés, nous avons ressenti plus que d'autres l'impossibilité de voyager. Il était étrange de ne pas voir le cortège quotidien d'avions qui décollaient et atterrissaient lorsque leur nombre a diminué pour atteindre à peine 10% de celui d'avant. Aujourd'hui, la plupart des Maltais se réjouissent de pouvoir à nouveau voyager en toute sécurité, même si beaucoup repoussent encore leurs déplacements à 2022. À titre personnel, j'attends avec impatience la prochaine réunion d'Eurojumelages et ce sera probablement le premier voyage à l'étranger que j'entreprendrai.

La pandémie a également amené beaucoup de gens à réévaluer leurs priorités. La famille et les amis, qui étaient auparavant considérés comme acquis, sont désormais des choses à chérir. Nous aspirons à une simple poignée de main et beaucoup plus à une accolade et à un baiser sur la joue. Nous sommes devenus nostalgiques de l'époque où nous pouvions organiser un dîner pour plus de 100 personnes dans le même restaurant et bien plus encore. Comment un virus invisible a-t-il pu bouleverser la vie telle que nous la connaissions depuis tant d'années ? L'humanité n'est finalement pas supérieure à la nature mais doit apprendre à s'intégrer dans le grand ordre des choses et à respecter toutes les autres formes de vie.

Beaucoup de gens ne réalisent pas encore que les effets de Covid-19 continueront à se faire sentir pendant un certain nombre d'années et que certains changements dont nous avons été témoins pourraient également devenir permanents. Cependant, nous devons être forts du fait que la race humaine est toujours résiliente et capable de s'adapter. Nous espérons également et prions pour que nos dirigeants aient la vision, la sagesse et la force de nous faire avancer vers des temps meilleurs dans l'ère post-pandémique.

John Saliba
Malta